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Pays silencieux dont les prophètes se taisent,
pays qui prépare son vin ;
où les collines sentent encore la Genèse
et ne craignent pas la fin !

R.M. Rilke, Quatrains Valaisans VI (extrait), dans : Rilke et Palézieux, Quatrains Valaisans, Gonin, Lausanne, 1983.

Témoignage de Jeanne de Sépibus – de Preux sur Rilke dans : Louis Barby (7 juillet 1975), Voix au chapitre [Émission de radio], RTS

Miège (Valais) et le château de Muzot, éditions Louis Burgy, Lausanne, s.d.

Je me réjouis donc à demain, mardi. Vous m’auriez affligé en invitant du monde à cette heure que, moi aussi, je préfère telle que vous l’avez conçue : rien de plus délicieux que de pouvoir venir se reposer en causant. Je répète : à demain, avec un sincère et reconnaissant plaisir.

Lettre de Rilke à Jeanne de Sépibus, 28 janvier 1924, ALS, Berne

Jeu de piste

En validant cette étape, tu obtiendras une des 16 parties du tableau final qui te permettra de participer au tirage au sort !

L’accord du ciel et de la terre

Lorsqu’il remonte de Sierre pour rejoindre la Tour de Muzot, Rilke passe par le centre de Veyras, devant la maison-atelier d’Olsommer, dont l’entrée est masquée par une épaisse végétation. Leurs relations de voisinage restent distantes, mais ils partagent un ressenti très proche devant le paysage valaisan. En 1922, Rilke s’émerveille que le Valais ait ” cette capacité extraordinaire d’offrir des équivalents multiples à notre vie intérieure ”. En 1929, Olsommer écrit : « La Nature a d’intimes analogies avec l’âme humaine. Ce paysage, dans sa beauté, je le sens jusqu’au plus profond de mes moelles. »

À Finges, dans la plaine du Rhône, où il aimait à conduire ses hôtes, et sur les coteaux baignés de lumière, dans ce paysage qui lui rappelle l’Espagne et la Provence, Rilke ressent avec exaltation l’accord sensible qui unit la terre et le ciel. À l’instar de C. Bille et M. Chappaz, le poète de Muzot évoque le Valais comme une terre de Genèse ” si pure et si neuve que chaque matin elle se lève comme ne sortant de la création ” (1921).

Jeanne de Sépibus – de Preux (1886 – 1977)

En 1924, Rilke écrit Les Quatrains Valaisans en hommage à sa terre d’adoption. Le recueil est illustré des eaux-fortes de Palézieux en 1983. C’est à Jeanne de Sépibus, dont Olsommer réalise le portrait à la même époque, que Rilke remet le manuscrit dédicacé. En sa compagnie, à Sierre ou à Muzot, le poète goûte aux ” douces influences d’une heure de Causerie ” (1924), comme il l’évoque dans sa correspondance avec l’aristocrate sierroise.

Sa vallée est ici tellement large, tellement grandiose, remplie de coteaux dans le cadre des grandes chaînes de montagnes, qu’elle offre sans cesse à l a vue le jeu des variations les plus ravissantes, en quelque sorte u n jeu d’échecs, composé de collines I…] le ciel le plus indescriptible (presque sans pluie) prend part de très haut à ces perspectives et les anime d’une atmosphère spirituelle […]

Rainer Maria Rilke, “Lettre à Marie de la Tour et Taxis du 25 juillet 1921” (extrait), dans : Correspondance avec Marie de La Tour et Taxis, Albin Michel, Paris, 1988