icon_1024_Chevalet-noir

Commentaire d’oeuvre

Solitudes

C.C. Olsommer, Prière au soleil, années 40, sépia, gouache, aquarelle et or, Musée Olsommer, Veyras

Calme, heureuse, je travaille à mes articles après un premier bain très reposant et un dîner avec le troupeau. Mais c’est seulement pour ces repas que je suis avec les autres. Pour le reste, c’est la bonne solitude qui me permet de travailler.

Corinna Bille, « Lettre à Maurice Chappaz du 6 juillet 1960, Lavey », dans : Corinna Bille – Maurice Chappaz, Jours fastes, Correspondance 1942-1979, Pierre-François Mettan, sous la dir. de Jérôme Meizoz, Genève, Zoé, 2016

Je te souhaite d’être heureux dans tes solitudes, avec le carillon des vaches, et de pouvoir écrire tes poèmes en paix.

Corinna Bille, « Lettre à Maurice Chappaz du 12 juillet 1958 », ibid.

Lolo [René Lorenz] avait besoin de bulles de solitude au milieu de la foule d’un café pour descendre en lui-même. À celui ou celle qui s’attablait alors avec lui pour partager un verre, il lui arrivait de signifier, de but en blanc, qu’il était temps de le laisser seul pour qu’il puisse organiser ses pensées autour de l’oeuvre en cours.

Témoignage de Marie-Jo Lorenz, épouse de l’artiste, 2023

Mais il [Palézieux] a beau se retirer ainsi dans sa coquille, éviter la confidence, s’efforcer de disparaître, il ne se découvre pas moins dans ses goûts, ses choix si tranchés, il ne se peint pas moins, lui si pudique, dans chacune de ses œuvres.
[…] Ces prédilections signifient encore solitude, intériorité, discrétion, pudeur, pureté ; signifient concentration et silence.

Philippe Jaccottet, Remarques sur Palézieux, éditions Fata Morgana, Montpellier, 2005

Et si nous en revenons à parler de solitude, il sera toujours plus évident que ce n’est là, au fond, rien qu’on puisse choisir ou quitter. Nous sommes solitaires. On peut s’abuser à ce propos et faire comme s’il n’en était pas ainsi. C’est tout. Mais il est préférable de comprendre que nous sommes solitaires, et justement de prendre cela pour point de départ.

R.M. Rilke « Lettre du 12 août 1904 », dans : Lettres à un jeune poète, Grasset, Paris, 1984

Jeu de piste

En validant cette étape, tu obtiendras une des 16 parties du tableau final qui te permettra de participer au tirage au sort !

Le solitaire Clos

Jeune artiste, Olsommer vit la solitude comme une condition nécessaire à la création et cherche un lieu où s’établir, loin de l’agitation du monde. Sur les conseils du peintre Edmond Bille, originaire comme lui de Neuchâtel, Charles Clos choisit Veyras. En 1912, durant la construction de sa maison-atelier, il travaille à ses tableaux dans l’atelier de Bille, qui devient cette année-là le père de Corinna.

À propos de son exil volontaire, il explique en 1929 : « Comme je mène une vie détachée de ce qu’on est tenu d’appeler la vie de société, on pourrait me croire hors des conditions vitales. Or, je me sens être au centre de la vie. Je subordonne involontairement toutes choses à la valeur de mon développement intérieur : mon art. »

Le saviez-vous ?

Sur le support, Olsommer utilise souvent plusieurs médiums afin d’obtenir des effets complémentaires. Il privilégie les techniques du dessin telles que le pastel, la sanguine, le fusain, l’encre de Chine, la sépia ou le brou de noix, qu’il rehausse parfois de poudres dorées ou cuivrées.

Il préfère aussi l’aquarelle, la gouache ou la tempera à la peinture à l’huile, qu’il juge clinquante et à propos de laquelle il écrit: « Combien ce qui est mat est plus noble que ce qui brille. »